Balades et randonnées autour du lac de la Raviège : l’embarras du choix

9 juin 2025

Un lac, plusieurs facettes : vrai poumon vert du Haut-Languedoc


Dans l’écrin montagneux du parc naturel régional du Haut-Languedoc, le lac de la Raviège s’étire sur près de 12 kilomètres, longeant la frontière entre l’Hérault et le Tarn. Alimenté par l’Agout et bordé sur 410 hectares d’eau (source : S.I.C.A. du lac de la Raviège), ce plan d’eau né dans les années 1950 avec la construction du barrage de la Raviège propose bien plus qu’une simple carte postale de vacances.

Ici, la nature conserve ses droits : forêts épaisses de hêtres, de pins sylvestres, landes et pâturages s’y succèdent, à quelques minutes seulement du bourg de La Salvetat-sur-Agout. C’est un terrain de jeu rêvé pour les marcheurs de tous horizons : du flâneur du dimanche à l’amoureux de sensations plus sauvages.

Le grand classique : la boucle du lac de la Raviège


Impossible de parler de promenade sans évoquer le « tour du lac », référence locale, incontournable pour découvrir toute la diversité de ses paysages.

  • Longueur : environ 24 km en boucle, balisés partiellement en jaune (itinéraires de petite randonnée).
  • Dénivelé : modéré (350m de D+ cumulés).
  • Temps estimé : 6 à 7 heures de marche à allure tranquille, idéal à faire en deux tronçons si la journée complète semble trop longue.

En partant du Pont de la Mouline ou du camping municipal (rive sud), ce circuit alterne les passages boisés sur la rive sud – ombragés dès la fin mai – et de grandes ouvertures sur la partie nord du lac, là où les plages (espace de Vaucluse, Plage du Gua des Brasses) offrent des panoramas rares sur l’étendue d’eau.

  • Le tronçon entre la base nautique et la presqu’île du Bouldouire permet de remonter le temps : à marée basse, il n’est pas rare de voir apparaître les ruines d’anciennes granges et fermes, comme à Farret ou au Viala, englouties lors la mise en eau du barrage (source : Archives municipales de La Salvetat-sur-Agout).
  • Plus à l’ouest, le chemin grimpe doucement jusqu’à la « table d’orientation » du Bouldouire, offrant une vue circulaire qui porte jusque sur la Montagne Noire et vers les premiers reliefs tarnais.

Pour qui cherche à observer la faune lacustre, les heures matinales sont à privilégier : hérons cendrés, grèbes huppés, parfois l’aigle botté sur les hauteurs des pinèdes (source : LPO Hérault).

Des balades accessibles et familles : petites boucles sur la rive sud


Pas besoin d’être un randonneur aguerri pour profiter du site. Plusieurs petites boucles, de 3 à 8 km, s’égrènent en particulier autour de la presqu’île du Bouldouire, de la base de loisirs et du village de Rieu-Montagné.

Bouldouire – Rieu-Montagné : l’aller-retour du patrimoine

  • Distance : 5,5 km (aller-retour), faible dénivelé
  • Point de départ : parking de la presqu’île du Bouldouire
  • Temps : 1h30 environ

Cette balade accessible suit la rive, parmi les bouleaux et les zones humides. L’arrivée à Rieu-Montagné est souvent l’occasion d’admirer les pontons, et (en saison) de profiter d’un café-restaurant les pieds dans l’eau.

La boucle du Bois de Briols : intimiste et nature

  • Circuit : boucle de 3,2 km à partir de la base de loisirs
  • Intérêt : découverte d’une faune discrète (écureuils, chevreuils), vieille hêtraie en partie classée Espace Naturel Sensible (source : Département de l’Hérault)

Sur ce sentier, le calme règne, interrompu seulement par les bruits d’eau ou le cri sec des pics noirs. Des panneaux pédagogiques informent sur la flore locale. C’est aussi un parcours labellisé « Famille Plus ».

Les plages à pied : baignade et grands points de vue


Au lac de la Raviège, chaque plage publique est un bon point de départ pour une balade ! On retient particulièrement :

  • Plage de Vaucluse : Au nord, accessible par la D52, elle offre, hors saison, une tranquillité propice à la contemplation. C’est le spot préféré pour observer le lever de soleil : en hiver, la brume sur l’eau offre des scènes uniques que les photographes locaux guettent (cf. comptes Instagram @haut.languedoc).
  • Plage du Gua des Brasses : L’une des plus sauvages, enclavée dans une anse boisée. On y arrive par un petit chemin qui descend depuis la route du Mas Naudou, et la vue sur l’ensemble sud du lac fait office de récompense.

Randonnées « à la carte » : les variantes méconnues


Pour ceux qui aiment sortir des sentiers battus, plusieurs itinéraires moins fréquentés révèlent un autre visage du lac.

La « traversée des Avants » : du barrage à la Mouline

  • Distance : 9,5 km
  • Difficulté : moyenne, plusieurs passages forestiers boueux au printemps
  • Balisage : PR jaune puis itinéraire libre à mi-chemin (bien s’équiper en carte IGN Top25 n°2541OT)

Cette traversée permet de longer les « Avants », pentes abruptes où, jusqu’aux années 1960, les bergers menaient paître les moutons. On y trouve encore quelques capitelles et murets de pierre sèche, témoins de cette activité pastorale (source : Parc du Haut-Languedoc).

Le sentier du ruisseau de Madières : pour les naturalistes

  • Départ : route de la Frégière, côté Salvetat, sur la D52E6
  • Durée : 2h, boucle de 6 km

Ce sentier suit le petit Madières, affluent de l’Agout, et traverse prairies fleuries et forêts humides. Dès mai, orchidées sauvages et digitales pourpres colorent les talus. C’est la balade conseillée aux amateurs d’oiseaux, car la canopée accueille sittelles, roitelets triple bandeau et parfois même la huppe fasciée.

Patrimoine et histoires de berges


Promener autour du lac de la Raviège, c’est aussi côtoyer l’histoire humaine. Peu de personnes savent que lors de la mise en eau du barrage (achevée en 1957 – source : EDF), sept hameaux ont été partiellement engloutis, et près de 90 familles relogées en aval ou à La Salvetat-sur-Agout même. Aux lieux-dits Farret ou Campblanc, il arrive que les « chemins noyés » affleurent par étiage. Certains locaux se rappellent avoir vu, enfants, les lucarnes des granges sortir de l’eau lors d’étés exceptionnellement secs.

La chapelle Sainte-Madeleine, édifiée au XIIIe siècle et restaurée dans les années 1950, veille aujourd’hui sur la rive sud : on y accède en 30 minutes à pied depuis la presqu’île du Bouldouire, via un vieux chemin sous les châtaigniers.

N’oublions pas le modeste patrimoine de pleine nature : gariottes, jasses, bornes de lande jalonnent les chemins. Ces marqueurs rappellent que le plateau de la Raviège, avant sa vocation touristique et hydroélectrique, était avant tout une terre pastorale et agricole, sur laquelle se déroulaient les foires entre la Salvetat et Fraisse jusqu’au milieu du XXe siècle (source : Association du patrimoine salvetois).

Pratiques et conseils pour profiter du lac


  • Météo et saisons : Altitude oblige (790 m), le climat peut être changeant. De novembre à mars, le vent du nord ou la « bise d’Aquitaine » amène fraîcheur et éclaircies subites. Privilégier les mi-saisons (mai-juin, septembre-octobre) pour éviter les grosses affluences de juillet-août.
  • Respect de la faune : Le pourtour du lac est classé en zone Natura 2000, certaines zones de quiétude sont à respecter, notamment lors de la nidification (avril à juin – source : Natura 2000 Hérault).
  • Matériel conseillé : Chaussures adaptées, gourde (sources peu fiables sur le pourtour !), vêtements légers mais coupe-vent. On trouve plusieurs points de pique-nique, notamment à la base de loisirs.
  • Accessibilité : Plusieurs boucles sont aménagées PMR (personnes à mobilité réduite) notamment autour du Bouldouire et du Gua des Brasses (rampe douce, bancs sous les arbres).

Lac de la Raviège : une promesse de découverte, tout au long de l’année


Que l’on cherche une simple fenêtre sur l’eau ou à parcourir les forêts épaisses du Haut-Languedoc, le lac de la Raviège offre un concentré des paysages et de la mémoire vivante du plateau. Les amateurs de douceur marcheront entre le murmure des grèves et les silhouettes paisibles des villages perchés. Les plus curieux emprunteront les sentiers secondaires, à la rencontre des anciens terrains de bergers et des traces du passé.

Ici, chaque promenade, qu’elle soit brève ou ambitieuse, invite à ralentir et à mieux comprendre ce bout d’Occitanie préservée, souvent ignoré des grands circuits touristiques mais d’une richesse peu commune pour qui sait regarder au-delà du miroir du lac.

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