À 700 mètres d’altitude, niché entre bois de hêtres, landes et prairies d’altitude, le lac de la Raviège est le plus grand plan d’eau artificiel de l’Hérault : 410 hectares d’eaux claires, 12 kilomètres de long, et 52 kilomètres de rives. Sa silhouette étirée, un peu mystérieuse sous les brumes matinales, attire les sportifs, les familles, mais aussi les amateurs de silence et de nature brute. Depuis sa mise en eau en 1957, ce lac créé pour alimenter les barrages hydroélectriques EDF (source : EDF Hydro Sud-Ouest) a sculpté une nouvelle géographie pour la Salvetat-sur-Agout et ses proches villages, devenant leur poumon vert et bleu.
Parcourir le tour du lac à pied, c’est s’offrir un condensé de paysages typiques des hauts cantons : forêts, petits ports, plages confidentielles et points de vue changeants selon la lumière et les saisons. Cette randonnée est devenue une « classique » pour les locaux, en famille comme entre amis, autant pour l’effort que pour les rencontres : pêcheurs, chevreuils au détour d’un sous-bois, embarcations qui filent au loin, ou familles posées à la plage du Gua des Brasses.
Le tour complet en boucle est possible, mais demande un peu de préparation avant de s’aventurer sur certaines portions. Quelques passages, surtout sur la rive sud, restent plus sauvages et moins entretenus : on y croise plus d’écureuils que de marcheurs.
Pour une découverte complète, voici une suggestion d’itinéraire pour boucler la quasi-totalité du lac depuis le village de la Salvetat-sur-Agout, dans le sens des aiguilles d’une montre. Important : plusieurs variantes existent, mais cette proposition privilégie les passages les plus beaux et accessibles pour la majorité des marcheurs.
Quittez la place du Marché, prenez la petite D53 direction “Base de loisirs”. Quelques centaines de mètres plus loin, un sentier plonge sur la gauche (après les stades), offrant un premier aperçu du lac sous les châtaigneraies. Après 15 minutes, on rejoint la plage du Gua des Brasses, principal pôle d'activités nautiques.
Longez la plage direction est, avant de monter sur la D162A vers Le Douch, minuscule hameau surplombant le lac (petite épicerie d’appoint, belle vue depuis l’église). Entre ces deux points, alternance de petites routes et sentiers boisés, parfaits pour apercevoir piverts ou geais.
Rejoignez la petite route forestière longeant le lac (prudence sur les virages : voitures rares mais rapides). On croise, selon la saison, de petits troupeaux de moutons transhumant vers les pacages, vestige des traditions agropastorales du Haut-Languedoc (source : Parc naturel régional du Haut-Languedoc).
Sur cette portion, des chemins secondaires permettent de rejoindre la rive pour des pauses baignade discrètes ou pique-nique.
Continuez jusqu’au Pont de Raviège - ouvrage emblématique, construit en 1957 avec le barrage (longueur 156 m, source : EDF). C’est la seule traversée « sèche » d’une rive à l’autre sur plus de 10 km. Jolie perspective sur la langue d’eau principale, bonne occasion de remplir les gourdes au café du pont (ouvert en saison).
Ici s’ouvre la partie la plus nature et sauvage : la D54 borde le lac par endroits, mais la vraie beauté s’apprécie en variant avec les pistes forestières (cartes IGN conseillées, source : Géoportail IGN). Forêt de résineux, lacis de petits ruisseaux, solitude garantie.
Approchez les méandres de la Baie du Bouisset : faune aquatique variée (foulques, grèbes huppés selon la LPO), belles plages de galets à l’écart de la foule estivale. Rejoignez en direction ouest la D162, puis à nouveau des petits sentiers en sous-bois qui ramènent, après une dernière montée, à la Salvetat-sur-Agout.
Cette boucle fait environ 23 km, avec peu de difficulté technique. Plusieurs accès permettent des variantes plus courtes (voir « options et alternatives »). Prévoir la journée, avec une belle pause à mi-parcours.
Au-delà du plaisir de la marche, le tour du lac est l’occasion de s’immerger dans l’histoire locale. Sous les eaux, l’ancien hameau du Gua subsiste dans la mémoire collective, englouti lors de la création du barrage en 1957 — quelques anciens racontent encore la cloche de la vieille église qu’on entendrait certains soirs quand le vent vient du nord (anecdote locale, reprise par « La mémoire du Haut-Agout », bibliothèque municipale).
Parmi les perles à (re)découvrir sur l’itinéraire :
En haute saison (juillet-août), la plage du Gua peut être très fréquentée : partir tôt le matin ou en fin d’après-midi, privilégier les petites criques de la rive sud pour plus de calme.
Peu de randonnées dans l’Hérault offrent une telle diversité de paysages et d’ambiances que le tour du lac de la Raviège. Le printemps révèle la flore d’altitude, l’été invite à la baignade, et l’automne habille les forêts de roux lumineux. Certains reviennent chaque année, le parcours changeant selon le niveau du lac (notamment après un hiver pluvieux), les lumières ou les anecdotes glanées auprès des habitants croisés.
À ceux qui prennent le temps, le tour du lac livre bien plus qu’un itinéraire de randonnée : c’est une invitation à parcourir une mémoire, à observer la nature comme un livre ouvert, à rencontrer la Salvetat autrement. En marchant, le paysage se dévoile — et, souvent, il réserve plus qu’une simple balade.