Prendre de la hauteur depuis La Salvetat-sur-Agout : randonnées d'altitude, à deux pas du centre

24 octobre 2025

Pourquoi partir en altitude depuis La Salvetat-sur-Agout ?


Située au pied du plateau du Somail et à la charnière entre Hérault et Tarn, La Salvetat-sur-Agout fait figure de porte d’entrée vers le haut-pays. En gravissant à pied les reliefs qui surplombent le village, on accède à une lecture incomparable du paysage : alignement de montagnes douces, lacs encaissés, hêtraies recalcinées par la lumière, et, au loin, parfois les Cévennes ou les contreforts du Caroux. Prendre de l’altitude ici, c’est :

  • Côtoyer les points hauts de la moyenne montagne languedocienne, entre 700 et plus de 1 000 mètres.
  • Accéder à une biodiversité d’altitude (hêtraies-sapinières, landes à bruyère, pâturages) souvent protégée sous diverses zones Natura 2000.
  • Approcher des éléments patrimoniaux marquants : croix, mégalithes, fermes d’estive, points de vue stratégiques d’antan.

Itinéraire n°1 : Circuit du Somail – L’ascension vers le Roc de Peyremaux


Distance : 16 km (boucle) Dénivelé + : 530 m Altitude max : 1 042 m (Roc de Peyremaux) Balisage : PR jaune, partiel GR® 71, et balisage spécifique “Roc de Peyremaux” Durée : 4h30 à 5h30 Source : OT de La Salvetat

Ce circuit, probablement le plus emblématique du secteur, démarre par la place du Général de Gaulle et grimpe aussitôt plein nord à travers les ruelles de la vieille Salvetat. Très vite, la montée s’engage par le bois du Capel Mas avant de longer une longue draille, ancienne piste de transhumance, qui file vers le plateau du Somail. Après deux kilomètres d’ascension régulière, le panorama s’ouvre : sur la droite, le sommet arrondi du Roc de Peyremaux (1 042 m), le plus haut de la commune.

Le passage au Roc de Peyremaux (croix, table d’orientation sommaire) justifie à lui seul la balade : de là-haut, quand la lumière est claire, on distingue le vent des éoliennes du Somail, de longues crêtes sylvestres, parfois jusqu’à la plaine agricole de Saint-Pons-de-Thomières. Sur le retour, le circuit s’enroule autour d’une vaste lande à bruyère, célèbre à la floraison de la mi-août, avant de piquer vivement vers le hameau d’Albine et de revenir par la fraîcheur du versant sud.

  • À noter : portions ombragées sur la montée, mais la crête enregistrée sur 3 km est dégagée et particulièrement exposée au vent. Attention en été comme en automne.
  • Intérêt naturaliste : traversée d’une châtaigneraie ancienne puis de hêtraies montagnardes, zone fréquentée par la bondrée apivore et le cincle plongeur sur l’Agout.
  • Anecdote : en 2021, lors d’un inventaire participatif, ce plateau a révélé la présence exceptionnelle de plusieurs orchidées rares (Ophrys insectifera, Source : Observatoire de la Flore Héraultaise).

Itinéraire n°2 : Boucle du Pic de Montalet - Par les crêtes des Trébesses


Distance : 19,5 km (boucle) Dénivelé + : 620 m Altitude max : 1 255 m (Pic de Montalet, record départemental) Balisage : GR® 653 (Via Tolosana) puis boucle par PR Durée : 6h à 7h Source : Fédération Française de Randonnée (FFRandonnée)

Le Pic de Montalet, point culminant du Tarn, peut se rejoindre à la journée depuis le centre de la Salvetat. La première partie du parcours emprunte le GR®653 (chemin de St-Jacques), en montant doucement vers le plateau des Trébesses. Rapidement, on quitte la vallée pour tutoyer la ligne de crête, alternant clairières et sous-bois. À mi-chemin, la vue s’ouvre sur une succession de lacs (la Raviège, l’Ayrette) et de tourbières.

L’arrivée au sommet s’effectue sur une croupe ventée : table panoramique, croix métallique et abri sommaire pour tempêtes soudaines. S’il fait beau, la vision porte du Minervois aux neiges du Pic de Nore, et même par temps clair vers la mer Méditerranée. Pour le retour, la descente passe par le versant oriental du plateau, riche en genévriers et bruyères.

  • À noter : itinéraire réservé à des marcheurs entraînés. Inutile de prévoir d’y aller en hiver sans équipement – le gel y est redoutable jusque début avril.
  • Patrimoine : croix au sommet datant de 1901, restaurée manuellement en 2014. Nombreuses anciennes bornes de granite datant du XVIIIe sur la crête.
  • Anecdote : selon les anciens, le sommet servait de poste de guet pour prévenir des invasions Vandales au Ve siècle, mais aussi d’amer pour le transport de la glace jusqu’à Béziers au XIXe.

Itinéraire n°3 : Boucle du Moulin de Nougayrol - Sur les hauteurs oubliées


Distance : 11 km (boucle) Dénivelé + : 370 m Altitude max : 910 m (plateau des Bouyguettes) Balisage : PR jaune et liaisons non balisées Durée : 3h Source : Office National des Forêts, fiche terrain 2023

Cet itinéraire plus confidentiel, très apprécié localement, débute par la traversée du vieux pont médiéval sur l’Agout. Après une courte grimpette dans le quartier de la Dairie, le sentier file au sud par des chemins creux, à travers pelouses sèches et affleurements granitiques. Quelques kilomètres plus tard, la montée finale sur le plateau des Bouyguettes s’ouvre, avec vue plongeante sur le plan d’eau de La Raviège et, en clignant des yeux, les premiers contreforts de l’Aveyron.

Le Moulin du Nougayrol, aujourd’hui en ruines, résonne encore des histoires de meuniers. Selon la Société d’Histoire Salvetoise, ce moulin aurait servi longtemps de contrebanderie de sel sous la Révolution. On retrouve d’ailleurs en bordure de sentier des vestiges de murs et des pierres meulières semi-enterrées.

  • Particularité : boucle idéale pour les marcheurs cherchant des milieux ouverts et un espace “au-dessus des toits” en moins de trois heures.
  • Points de vue : orientation Ouest sur le Somail, perspective très dégagée sur les couchers de soleil d’automne.
  • Détail naturaliste : floraison précoce de narcisses à la mi-mai, présence régulière du milan royal (espèce protégée, Source : Ligue pour la Protection des Oiseaux - Hérault).

Autres suggestions d’itinéraires secondaires en altitude


  • La draille du Poumio : boucle de 7 km menant à 850 m, ambiance lande et chaos rocheux, balisage partiel, départ direct derrière l’église.
  • La crête de la Serre : accès direct sur 3,8 km (aller-retour), sentier taillé en balcon, offrant de superbes points de vue sur la vallée de l’Agout. Altitude 870 m, parcours familial.
  • Le chemin des Bornes (chemin de la frontière) : traversée historique à 900 m, sur 4 km, entre vieilles bornes et hêtres majestueux. Départ du centre, suivre PR bleu.

Ces petits circuits, moins connus que les trois grands, présentent l’avantage d’être modulables : on peut les assembler, les prolonger, ou simplement s’offrir une parenthèse en hauteur pour 1h30 ou 2h seulement.

Informations pratiques et conseils de terrain


  • Périodes idéales : mai-juin (pour la floraison), septembre-octobre (pour la lumière et l’absence de chaleur), accompagné des lumières rasantes.
  • Cartographie recommandée : IGN TOP25 2543OT “La Salvetat-sur-Agout / Le Somail”, disponible à l’Office de Tourisme ou gratuitement sur Géoportail (Géoportail).
  • Balises : La quasi-totalité des sentiers d’altitude sont balisés (PR jaune ou blanc-rouge GR®), avec portions sur chemins non balisés, bien rester vigilant sur les carrefours.
  • Sécurité : Bascule météo rapide, coupe-vent et ravitaillement en eau fortement conseillés (pas de fontaine sur le plateau et rares sources à l’estive seulement).
  • Respect : Le plateau du Somail, le secteur du Montalet et la crête de la Serre appartiennent à des zones Natura 2000 – rester sur les sentiers pour la préservation des oiseaux nichant au sol et de la flore endémique.

Une autre façon de découvrir l’altitude : anecdotes et mémoire locale


S’il est une chose que les Salvetois aiment partager, c’est la mémoire des crêtes : ici, une pierre dressée rappelle un ancien site druidique, là une stèle signale un berger foudroyé au siècle dernier. Sur l’un des circuits, on longe même d’anciens murets du “Camin Romieu”, sentier de pèlerinage médiéval autrefois jalonné de 54 croix (source : Amis du Vieux Salvetois). Lors de la Grande Guerre, certains jeunes grimpaient au Somail pour apercevoir – de très loin – la ligne des téléphériques militaires installés sur le plateau du Sidobre selon les archives départementales de l’Hérault.

Les itinéraires en altitude qui partent directement du centre du village offrent ainsi bien plus que de l’exercice physique ou de simples panoramas : ils révèlent un pays où chaque hauteur raconte un pan de vie, un lien entre les anciennes frontières du Tarn et la promesse des garrigues du Languedoc plus bas. Qu’on y marche pour la vue, pour la nature ou pour ce subtil sentiment d’être “au-dessus”, ces sentiers partagés sont le fil d’Ariane d’une Salvetat souvent plus secrète qu’il n’y paraît.

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