Sur les traces du roc de Montalet : Itinéraire, secrets et rencontres entre La Salvetat-sur-Agout et le sommet

4 octobre 2025

Un sommet bien gardé au cœur des monts d’Hérault et du Tarn


Dominant la région de son échine granitique, le roc de Montalet culmine à 1 259 m d’altitude, soit le point le plus élevé du département du Tarn (Wikipedia). Moins célèbre que le pic Saint-Loup ou le mont Aigoual, cet ancien oppidum fascine les habitants des alentours – et demeure un but de balade privilégié pour tous les amateurs de paysages, de légendes et de marche.

Depuis La Salvetat-sur-Agout, village niché à 700 m d’altitude sur le plateau des monts de Lacaune, rejoindre le roc de Montalet est une expérience à la fois physique, paysagère et culturelle. La randonnée est réputée pour son alternance de forêts, de prairies et de panoramas dégagés, offrant, par temps clair, des vues jusqu'à la chaîne des Pyrénées au sud et les monts d’Auvergne au nord.

Pourquoi choisir le départ à La Salvetat-sur-Agout ?


Bien que le roc de Montalet soit souvent abordé depuis Viane ou même Rosis côté Hérault, le départ depuis La Salvetat-sur-Agout séduit par sa diversité d’ambiances et son accessibilité pour tous les profils de marcheurs aguerris. Cette voie permet aussi de (re)découvrir le charme des plateaux sauvages et le réseau de sentiers domaniaux entretenus par la communauté de communes (lasalvetatsuragout.fr).

  • Distance totale (aller-retour) : environ 22 km
  • Dénivelé positif cumulé : autour de 600 m
  • Temps moyen : prévoir 6 à 7 h de marche effective (hors pauses)
  • Balisage : balises jaunes, portions sur le GR7®
  • Accessible toute l’année, mais prudence en hiver (neige, verglas possible)

Le tracé : pas-à-pas jusqu’au roc de Montalet


Sortir du village, entre prairies et genêts

Au départ de la place du Foirail à La Salvetat, saluer la façade ocre de l’ancienne abbaye bénédictine rappelle que le village fut autrefois un carrefour de pèlerins (voie secondaire des chemins de Saint-Jacques). Prendre la direction nord, en quittant la D52 par la rue de la Plaine puis à gauche sur la petite route pastorale menant vers la ferme de la Goutine.

La première heure déroule tranquillement au gré des pâturages où paissent brebis et vaches tarnaises. C’est ici que l’on peut croiser la “vache de race lacaune”, connue sur tous les plateaux, dont le lait sert à l’AOP Roquefort (INAO).

Traversée du Bois de Fajal

Sur 3 km environ, le sentier pénètre sous ombrage. Le Bois de Fajal est remarquable à l’automne pour ses tapis de champignons : cèpes bronzés, girolles et pieds-de-mouton y prospèrent (attention, la cueillette est réglementée par arrêté municipal !). Une percée sur la gauche dévoile parfois la silhouette de la tourbière de La Bouissonnade, zone humide protégée, riche de linaigrettes et de droseras (plantes carnivores locales, INPN).

Descendre au vallon du Rieu Pourquié

Après la clairière du Cambon, l’itinéraire plonge vers le petit Rieu Pourquié, ruisseau typique des Hautes Terres d’Oc. C’est dans ces vallons que subsistent les murets de pierre sèche, vestiges des anciennes “Montané” (parcelles montagnardes consacrées à la culture de la pomme de terre et du seigle jusqu’au début du XXe siècle). Sous les hêtres, guetter la chouette hulotte au crépuscule, très présente dans le secteur (observations LPO Tarn).

La remontée, entre chaos rocheux et hêtraies

Remonter direction nord-est, vers le Cros du Montalet. En longeant une crête pierreuse, on distingue vite les premières dalles du roc, typiques – certaines portent les marques d’anciens “quartiers” : zones de concassage du granite utilisées au XIXe s. pour l’extraction de meules ou de matériaux de construction (source : , S. Tuilier, Édisud).

Le sentier devient plus raide sur ce dernier tronçon : compter 45 minutes jusqu’au sommet à partir du croisement de la “Font del Loup”. Par humidité, attention aux mousses glissantes et racines apparentes sous les pieds.

Le sommet du roc de Montalet : panorama et patrimoine caché


L’arrivée au sommet est marquée par la table d’orientation installée en 1993. Un panneau d’interprétation détaille le panorama : on distingue au loin le Sidobre, terre de chaos célèbres du massif granitique du Tarn, le plateau d’Anglès, le lac de La Raviège et les lignes bleutées du Haut-Languedoc. Par très beau temps, la vision porte jusqu’aux monts de l’Espinouse et au Canigou, point culminant des Pyrénées Orientales.

  • Point culminant du Tarn : le roc de Montalet est le seul “1 200 m” du département
  • Croix de granit : au sommet, une croix commémorative a été érigée en 1901 par les habitants des communes riveraines (inscriptions visibles à la base)
  • Restes d’oppidum gaulois : vestiges supposés d’un site fortifié protohistorique : quelques murs cyclopéens et tessons retrouvés lors d’une campagne de fouilles menée en 1983 (Montagnes du Haut-Languedoc, Guides Sud-Ouest, 2007)

Infos pratiques : préparation et variantes d’itinéraire


  • Matériel conseillé : chaussures de randonnée (de préférence montantes), veste coupe-vent (sommets très exposés), réserve d’eau (minimum 1,5 L/pers.) et carte IGN 2442 ET “Lac de La Raviège” (support papier ou appli GPS)
  • Sites utiles : rando-entre2mers.fr, Office de tourisme de La Salvetat-sur-Agout
  • Faune protégée : présence avérée de la loutre d’Europe dans les ruisseaux, milan royal et faune nocturne (chauves-souris, salamandre tachetée)
  • Éviter le sommet lors d’épisodes orageux : le roc attire fréquemment la foudre, raison pour laquelle la croix porte plusieurs impacts visibles (voir inventaires Phénomènes météorologiques extrêmes, Meteo France)
  • Pique-nique recommandé : air pur et panorama inégalé, mais

Autres variantes depuis La Salvetat

  • Boucle par les hameaux du Mas de Viala : un détour qui rallonge de 4 km mais permet la découverte d’anciennes fermes fortifiées du XVIIe siècle et de fontaines traditionnelles.
  • Retour en VTT : le sentier du panorama est praticable en VTT (section entre Fajal et La Salvetat), mais la montée finale au roc nécessite de pousser le vélo sur 300 m.
  • Accès réduit en véhicule : certains randonneurs stationnent à Cambon ou au Cros du Montalet pour raccourcir l’aller-retour (parking limité, respect des clôtures indispensable).

Légendes, histoires et traces du passé


Le roc de Montalet n’est pas seulement un sommet : il s’y attache des légendes résistantes, transmises de génération en génération.

  • Le “Mont des Mille Feux” : au XIXe siècle, le roc était un point de guet pour la surveillance des feux de forêt, avec présence de gardes saisonniers (“les feuillards”, voir Archives du Tarn).
  • Lieu de refuge pendant les guerres de Religion : plusieurs chroniqueurs locaux rapportent des épisodes où les protestants du Haut-Languedoc trouvaient asile sous les rocs (voir , A. Maurisson, éditions Privat).
  • Patrimoine invisible : lors d’étés caniculaires, on repère mieux les traces d’anciens abris sous roche, appelés ici “clapas” ou “clapières”, qui servaient de caches temporaires aux chasseurs et bergers.

Rencontrer la montagne aujourd’hui


Marcher jusqu’au roc de Montalet, c’est goûter à une ambiance où la nature impose son rythme, et où les histoires se découvrent aux détours des chemins. Tous les ans, au début de l’été, la randonnée du roc de Montalet rassemble des locaux et des visiteurs (manifestation sportive organisée en 2023 sous l’égide du foyer rural : plus de 300 participants, selon La Dépêche).

Randonner ici, c’est accepter une rencontre : avec la pierre, le vent, les accents du Haut-Languedoc, et peut-être, au détour d’une clairière, le cri du grand corbeau ou le pas feutré du chevreuil. Ceux qui prennent le temps laissent une part d’eux-mêmes sur les rocs, et reviennent souvent, un jour, saluer de nouveau le sommet.

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