Secrets d’eau : cinq lacs et retenues confidentiels autour de La Salvetat-sur-Agout

12 juin 2025

Le lac de Vézia : un air de Canada à deux pas de Fraïsse-sur-Agout


Au sortir du village de Fraïsse-sur-Agout, un chemin s’enfonce dans la forêt, longeant des pentes boisées qui abritent le discret lac de Vézia. Peu connu au-delà des pêcheurs locaux, ce plan d’eau doit son nom à un ancien hameau voisin. D’une superficie d’à peine 8 hectares, il a été créé dans les années 1960 lors de l’aménagement hydraulique du Haut-Languedoc. Aujourd’hui, le lac serpente entre genêts et résineux, offrant une atmosphère presque boréale à certains matins de brume.

  • Accès et circuit : Le sentier qui fait le tour du lac (2,2 km) est facile et ombragé. Il croise plusieurs petites plages de galets, parfaites pour une pause pique-nique ou un bain de pied.
  • Pêche très prisée : Brochets, perches et gardons s’y trouvent (permis obligatoire). Selon la Fédération de Pêche de l’Hérault, près de 40 espèces aquatiques sont présentes dans le secteur du Haut-Languedoc (Fédération de pêche Hérault).
  • Particularité : Durant la migration printanière, il n’est pas rare de surprendre hérons cendrés et grèbes castagneux sur la rive nord.

La retenue de la Souque : écho d’un barrage oublié


À l’écart du village du Soulié, la petite retenue de la Souque se niche dans une combe silencieuse, à peine visible depuis la route. Construite à la fin des années 1950 pour réguler le débit de l’Agout, elle avait vocation à stocker l’eau pour l’agriculture et alimenter un moulin rural – dont on devine encore la présence au détour d’un chemin creux.

  • Superficie : environ 2 hectares, selon la base données "BD Topage" de l’IGN.
  • Pourquoi s’arrêter : Aucun aménagement touristique, mais une eau claire où se reflètent aulnes, saules et vieux murs de pierre. Entre mai et juillet, c’est l’un des rares coins où entendre le grillon d’Italie, espèce rare en Haut-Languedoc.
  • Anecdote locale : Pendant la sécheresse de 1989, cette réserve a servi d’arrière-base pour l’irrigation des prairies de la vallée. Aujourd’hui, les ruines du moulin témoignent du passage d’une économie d’eau à une économie de loisirs.

L’étang du Cabanon : repaire des libellules et halte botanique


Discret mais facile d’accès en contrebas du village de Rosis, l’étang du Cabanon cumule à peine un hectare mais vaut pour sa biodiversité remarquable. Alimenté par une source ferrugineuse, il s’est transformé en réserve naturelle improvisée, prisée des entomologistes de la région. D’après l’Atlas de la biodiversité locale Sète Agglopôle (2020), une douzaine d’espèces de libellules y a été recensée.

  • Caractéristiques : Sédiments rouges et berges humides favorisent la pousse de l’osmonde royale, une fougère protégée en France.
  • Conseil d’accès : Prendre la piste forestière depuis la D53, randonnée très facile de 10 minutes.
  • Petit secret : Au crépuscule de juin, on y observe parfois un ballet d’hirondelles de rocher, rare à cette altitude.

La retenue des Ourtals : entre landes et bruyères


Sur les hauteurs de la commune de Cambon-et-Salvergues, au cœur d’un plateau tapissé de bruyères, la retenue des Ourtals se découvre au hasard d’une marche entre deux bosquets de pins. Son histoire remonte à la construction d’abreuvoirs pour les transhumances ovines du temps où la montagne vivait au rythme des troupeaux.

  • Altitude : 1020 mètres selon le site Géoportail.
  • Environnement : Pelouses sèches et pierriers, site d’observation privilégié des papillons azurés (Polyommatus bellargus) de mai à juillet.
  • Accès sportif : Passage obligé du GR7, entre le col du Cabarétou et le village de Cambon (7 km), superbe vue sur le bassin de l’Agout.
  • À noter : L’eau, destinée au bétail, est impropre à la baignade mais le site est un repaire de photographes naturalistes.

Lac du Moulinet : microclimat et vieux lavoirs


Rattaché au village du Moulinet, au sud-est de Murat-sur-Vèbre, ce petit lac sert aujourd’hui de réserve d’eau pour les incendies et l’irrigation estivale. Sa création date de la grande période d’aménagement rural des années 1970. Les berges sont ourlées de joncs et d’iris jaunes, premiers signes d’un écosystème bien vivant à 800 mètres d’altitude.

  • Patrimoine : À quelques centaines de mètres, deux anciens lavoirs de 1906 ont été restaurés par la commune en 2015, preuve de l’importance historique de l’eau dans la vallée.
  • Pourquoi y aller : Souvent délaissé, il offre un refuge lors des journées chaudes ; les matinées de septembre, la brume épouse la surface et isole le promeneur du reste du monde.
  • Pratique : Stationnement et accès très faciles, tables de pique-nique disposées côté est.

L’art de la halte là où l’eau prend le temps


Au-delà de leur discrétion, ces lacs racontent la relation qu’entretient le Haut-Languedoc avec son eau : ressource jadis vitale, aujourd’hui espace de ressourcement. Chacun de ces lieux se mérite, que ce soit à travers un sentier sous les frondaisons, une piste pastorale ou le simple bouche-à-oreille. Autrefois points d’eau pour les hommes et le bétail, ils offrent désormais le luxe rare d’une pause au calme, loin du tumulte. Écouter les oiseaux d’eau à Vézia, marcher dans la bruyère aux Ourtals, reconnaître la trace d’un moulin près de la Souque, c’est toucher la mémoire silencieuse mais tenace qui façonne encore les paysages autour de La Salvetat-sur-Agout.

Sources utilisées :

  • Fédération de pêche de l’Hérault (https://www.pecheherault.fr/)
  • IGN, BD Topage
  • Atlas biodiversité locale, Sète Agglopôle
  • Géoportail (https://www.geoportail.gouv.fr/)
  • Mémoires d’Occitanie, "Les moulins de la terre d’Hérault", 2011
  • La Salvetat patrimoine : bulletins municipaux 2015-2023

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