Marcher le long de l’Agout, traverser le pont de pierre de La Salvetat ou longer la Jaur entre Saint-Pons et Olargues, c’est suivre le patient ouvrage de générations de crues, de sédiments déplacés, de failles ouvertes. Les vallées n’ont rien d’intangible ; elles sont le théâtre d’une dynamique continue, aujourd’hui encore perceptible dans les méandres actifs ou les chantiers d’écoulement ouverts à l’occasion d’une tempête.
Les villages, quant à eux, sont la mémoire de ce dialogue entre l’humain et sa rivière : nombre d’églises et de tours sont bâties sur les promontoires laissés par l’eau, là où les anciens savaient – à l’œil, à l’intuition, parfois après un désastre – qu’il valait mieux ne pas défier les humeurs du courant.
Aujourd’hui, comprendre la formation des vallées, c’est se donner les moyens d’habiter, protéger et valoriser autrement ce territoire. Quand le soleil descend sur les fonds humides des gorges de la Mare, que le brouillard s’attarde au-dessus du lit de l’Agout, chacun peut se rappeler que tout ce paysage est le fruit d’une sculpture à ciel ouvert, menée sans relâche par la rivière.